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Texte n°7 :

Levée de rideau : on aperçoit une femme, assez richement vêtue qui traverse la scène. Elle a l'air dans la confidence. Elle détient une lettre de belle taille contenant un poème aux armoiries de la Maison vers laquelle elle hésite aller. Elle lit quelques lignes transie d'amour :

La femme : "Douce bruine séraphine, tu me portes, et alors que le vent s'emporte, tu te débines dans l'antre des cieux. Cherche alors qui se croit Dieu alors qu'il n'est qu'Homme vil et sournois dans les méandres de son propre désarroi... " 

Elle soupire et serre contre son cœur le bout de papier.

La femme : Ô mon tendre aimé, je viens te guérir de ta détresse, car je sens en ta plume quelques tendresses.

Succombant à son désir, elle laisse un billet doux sur le pas de la porte. La porte s'ouvre quelques secondes après son départ sur le valet de la Maison. 

Le valet : Mais qu'est-ce donc là? Une lettre pour mon maître? Diantre, elle embaume ! Voyons de plus près... Non, elle n'est pas pour le maître, mais porte bien le sceau de quelque noble de la région. Découvrons ce qui se cache à l'intérieur. "Vous aimer éternellement... Toujours vous aider... Entretenir... Maison... Dot... Poème... Amour... Amour... Amour... Baisers?!... " Mais il s'agit là d'une demande en épousailles ! Et qui plus est, adressé à l'auteur desdits poèmes dont elle a pris le soin de recopier chaque mot. Or, il ne s'agit nullement de mon maître, mais de moi-même ! 

Il rumine, à part : 

Le valet : Je ne peux me déclarer devant une telle dame. Pas dans ma condition... Toutefois, enfin l'on reconnaît mon talent, et mon âme s'en trouve comblée... Tout d'abord, je vais lui faire parvenir un nouveau spicilège pour voir s'il s'agit là simplement d'un coup du sort ou bien... Enfin, nous aviserons par la suite.

Narrateur : Le lendemain, il fait parvenir à la dame son recueil grâce à un des pages de sa Maison, sans mentionner qu'il en est l'auteur. 

Et dans les jours qui suivent, la femme décide de revenir une fois encore, le cœur crépitant d'une flamme plus vive encore, grâce aux mots doux dont elle s'enivrait depuis quelques jours.

Elle toque vigoureusement à la porte qui s'ouvre sur le comte, personnage élégant, mais froid calculateur sans âme. Toutefois, il lui sourit tendrement avant de commencer :

Le comte : Plaît-il, ma Dame?

La femme : Bien le bonjour, monsieur le comte...

Elle reste coi, gisant sur le perron.

Le comte : Eh bien, je vous écoute.

La femme : Oui, pardonnez mon zèle, mais il me tardait de m'entretenir avec vous d'un sujet de la plus haute importance...

Elle n'ose continuer, interdite, attendant une réaction ou un geste du comte. Ce dernier, perdant désormais le peu de patience dont il pouvait faire preuve pour ce genre de bêtises.

Le comte, agacé : A quel propos?

La femme, lui tendant la lettre : Je voulais savoir s'il s'agissait bien du sceau de votre maison. 

Le comte : En effet. 

Elle sautille sur place, émerveillée comme une enfant qui vient de faire une grande découverte.

La femme : Alors c'était vous... Je ne me doutais pas que... Enfin je suppose qu'un homme de votre envergure avait quelque qualité qu'on ne connaissait à la ville. 

Le narrateur : Le comte, manifestement confus devant une telle profusion d'âneries, reste toutefois vigilant. Connaissant sa piètre réputation dans le monde commun, il sait que peut se jouer là quelque fortune à saisir. Il n'est pas sans savoir qu'il discourt (raclement de gorge) en la compagnie d'une des filles les plus honorables et tendres qui aient existé sur ces terres. 

Le comte : Très chère, je ne vous veux qu'en bonne santé, aussi, venez vous réchauffer en ma demeure.

Le narrateur : La femme alors rentre précipitamment dans la maison, oubliant là une question majeure : était-ce bien le comte l'auteur de ces doux poèmes?

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