Texte n°5 :
- Recherche individu de sexe mâle. Coiffe simple, propret, qui sait se distinguer des autres acteurs par son altruisme et sa gentillesse, tout en restant simple.
- Doit savoir mener de grandes diatribes sur la résilience et le stoïcisme dont le héros doit faire preuve (sachant qu’il est son principal facteur de motivation, sans qui le héros serait probablement mort dès les premières dix minutes de la scène.)
- Sait se mettre en retrait tout en gardant de l’importance pour le reste de l’intrigue.
- Est capable de faire progresser de façon cohérente l’histoire alors qu’il ne figure pas au premier plan.
- Doit avoir un air sympathique, en restant suffisamment différent physiquement du personnage principal.
- Possède une certaine éloquence qu’on ne devinerait pas physiquement.
Période de guerre dans les années 60-70. Nathan est en mission secrète pour livrer une missive de la plus haute importance ; Daël, son ami d’enfance fidèle qui le connaît depuis longtemps, le rejoint en cours de route. Mais ils se retrouvent piégés : le chemin à suivre leur est condamné par les militaires et il n’y a plus moyen de rebrousser chemin, faute de vivres. Les deux personnages se regardent, désespérés, car Nathan s’est blessé pendant la mission. Ils gisent au sol, tous deux, épuisés.
Daël, à part :
— Nous en sommes au nœud inextricable du problème. Je ne puis me résoudre à l’abandonner, mais la situation est telle qu’il ne me laissera jamais l’aider. Je veux tout lui dire : que toute cette quête n’était que folie, que nous avons échoué lamentablement, et que notre sort est désormais scellé. Mais dussé-je en crever, gueule béante, jamais je ne pourrais proférer de telles vérités. Pas tant que ses yeux hyalins me renverront cette nitescence d’espoir. Pas tant que je serai à ses côtés, le faisant réchapper à la déréliction dont son âme est victime. Un jour, nous retrouverons notre terre, cette thébaïde chère à nos cœurs, la paix sera signée, et alors, le sang cessera de couler. Il se mêlera aux confluents écarlates, et nous n’entendrons plus jamais parler de cette histoire, autrement que dans les manuels.
(Daël se relevant, tendant une main puissante à son ami.)
Mon ami, mon tendre ami… Permets-moi de m’amender de quelque peccadille enfantine, car nous nous dirigeons vers la fin inéluctable d’un pan d’une Histoire. La nôtre également, sans doute. Je me flagelle l’esprit de la blessure à l’arcade sourcilière que tu as éprouvée par ma faute, tombant du haut de la balustrade sur laquelle on avait coutume de jouer. Je suis navré de constater encore cette balafre qui sillonne ton regard, qui l’acère. Mais je ne laisserai plus une telle infortune t’arriver derechef. Le fardeau dont on t’a chargé doit être partagé dorénavant, et si je ne puis le porter pour toi en mains propres, je me dois de te porter toi alors volens nolens.
(Daël soulève tant bien que mal son ami boitant, gémissant, et l’emmène hors de scène.)