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Texte n°8 :

Ma vie ne tenait qu'à un fil. Littéralement. 

Suspendu entre l'abîme et la nitessence qu'offrait Phébus, j'étais le funambule de la verticalité, de l'ascension. 

Ma soif d'aventure m'avait mené ici, au bord du monde, à un perchoir indécent  où je pouvais contempler les parhélies, ces petits prodiges naturels faisant miroiter des soleils de givre. 

Et ce n'était que dans cette source pure d'adrénaline que je parvenais à me désaltérer ; Loin du monde, mais surtout plus près que jamais de la nature hiémale, immarcescible, de ces terres reculées. 

Mon cœur brûlait tel un flambeau pour que l'hypothermie ne me guette jamais, car c'était dans ce genre d'endroit, à la frontière de la mort, que je me sentais le plus vivant. 

Jusqu'alors, aucune intempérie n'avait interrompu mon séjour, ni mes périples d'ailleurs. Mais le moindre blizzard s'élevant me serait fatal, alors je redoublais de vigilance, je prenais milles précautions à mes sorties du chalet.

Surtout, je savourais. Les secondes passées, accroché à ce fil, étaient à la fois les plus douces et les plus intenses de toute mon existence. 

Quelqu'ait pu être l'état de mon esprit, il se lénifiait à la vue des aurores boréales nimbant les cieux ; ou en observant ces agrégats adamantins flottants volatiles, finissant par s'évanouir à mon contact. Rien ne valait pareil spectacle. 

Et au fond de mon être, je pressentais qu'un jour viendrait poindre le blizzard, et que j'irai tout de même à son encontre. Non pas que je sois suicidaire, mais je savais en mon âme et conscience que la tentation d'admirer sa force me condamnerait d'une manière ou d'une autre. Si les gerçures n'égratignaient en rien mon enveloppe, il m'en fallait plus. Je me devais de constater cette nature en déraison, comme en écho à l'ardeur qu'éprouvait le cratère qu'était mon cœur 

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